Les Chefs d’Etat de la CEDEAO réunis à Abuja le dimanche 31 juillet 2023 ont pris de graves décisions à
l’encontre des nouveaux dirigeants du Niger. L’Organisation des Peuples d’Afrique de l’Ouest (OPAO) est
farouchement opposée à l’ultimatum de la CEDEAO et de l’UEMOA de déployer une force militaire pour
déstabiliser l’Etat du Niger au cas où ses dirigeants militaires ne rétabliraient pas le Président déchu
Mohammed Bazoum et la Constitution suspendue avant la fin de la journée du vendredi 4 août 2023. Nous sommes farouchement opposés pour plusieurs raisons:
Premièrement, cette décision des chefs d’Etat de la CEDEAO n’est rien d’autre qu’une manœuvre de la
France coloniale et de la Grande-Bretagne, sous l’hégémonie de l’impérialisme américain, pour recourir à
une intervention armée sous couvert de rétablir la démocratie et les droits de l’homme au Niger. C’est aussi un prétexte pour la réalisation des plans impérialistes visant à maintenir continuellement le Niger (riche en ressources minérales, notamment en uranium et en hydrocarbures) dans le giron impérialiste, surtout lorsque Bazoum est un nègre de maison notoire, servile envers les puissances impérialistes de l’OTAN, en particulier la France, qui, pendant des décennies, a pillé ses ressources en uranium pour en faire la base de ses éclairages.
L’autre raison est que la souveraineté du peuple nigérien, dans toutes les situations, doit être respectée, car lui seul est en mesure de décider de l’orientation future de son pays, et personne d’autre. En tout état de cause, la situation actuelle au Niger est due à l’ingérence excessive de Bazoum dans la politique nationale et les institutions sociales, au régime personnel autocratique qui a donné lieu à la négation du droit à la liberté et à l’expression, à la suspension des libertés civiles et à l’affaiblissement effréné de l’opposition nationale.
Une autre raison est qu’une intervention militaire contre le Niger aurait des conséquences désastreuses pour le peuple nigérien et l’ensemble de la sous-région ouest-africaine, et créerait des bouleversements majeurs susceptibles d’aggraver l’insécurité généralisée actuelle perpétrée par les groupes djihadistes dans les régions de l’ouest, du sud-ouest, du sud et du nord du Niger. En outre, l’insécurité créée lorsque le gouvernement du président Bazoum a commencé à utiliser des groupes armés non étatiques pour lutter contre la violence des insurgés djihadistes s’étendrait à d’autres parties de l’Afrique de l’Ouest. En outre, le communiqué conjoint des gouvernements de transition du Mali et du Burkina Faso, qui considère qu’une intervention militaire de ce type contre le Niger équivaudrait à une déclaration de guerre au Mali et au Burkina Faso, indique une nouvelle détérioration de la situation et pourrait conduire à une guerre régionale qui laisserait des traces durables dans la sous-région.
Enfin, l’Organisation des peuples d’Afrique de l’Ouest se demande comment la CEDEAO pourra financer
une telle force d’invasion et une telle guerre sans imposer des difficultés supplémentaires aux citoyens par le biais d’impôts et de privations. Comment le cauchemar logistique sera-t-il géré sans recourir aux forces
négatives de nos esclavagistes et de nos exploiteurs? Pour toutes ces raisons, nous demandons instamment à la CEDEAO de faire preuve de retenue, d’user de diplomatie et d’utiliser les fonds destinés à une intervention futile pour soutenir le développement national et l’intégration harmonieuse de l’Afrique de l’Ouest.
L’AMPO condamne donc fermement et sans ambiguïté l’attitude belliciste actuelle de la CEDEAO et exige
que les bases militaires de toutes les forces impérialistes et néoconservatrices en Afrique de l’Ouest soient
retirées. Nous appelons nos organisations membres à serrer les rangs et à lutter contre toute guerre
impérialiste injuste qui pourrait être imposée à notre région par la folie de nos dirigeants en faillite. Nous
croyons fermement que les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’OTAN seront les bénéficiaires actuels de toute guerre au Niger. Il est clair que c’est la dignité de nos peuples et la souveraineté du Niger qui seront les perdants.
Signed.
Kafui Kan-Senaya
Accra, 02 août 2023
Ci-dessous la déclaration complète :